Une colombe

Je suis la fille aînée de mon père mais la seule fille de ma mère qui a été répudiée.
Mon père s'est bien occupée de moi, il a veillé que je ne manque pas l'école, il m'a encouragée à continuer mes études jusqu'au baccalauréat que j'ai réussi.
Je voulais faire institutrice, j'ai fait des remplacements et puis j'ai pensé que pour avoir un poste de fonctionnaire en Tunisie, il fallait faire partie du parti politique au pouvoir !
Donc j'ai décidé de partir en immigration comme les hommes mais je sais que ma maîtrise de la langue arabe, du français, de l'anglais ne me servira pas à grand chose en France.
J'ai atterri chez ma grande cousine que j'estime beaucoup et j'ai fait l'aide soignante et l'aide ménagère car elle est atteinte d'un cancer du sein en phase terminale.
J'ai rendu visite à mon cousin que je considère comme mon frère aîné ; quand nous faisions les courses au super marché, les français nous regardaient et ils devaient penser qu'il avait deux femmes attitrées.

Dix ans plus tard, c'est moi qui suis au lit, trop faible pour me lever, trop faible pour m'occuper de mes trois enfants.
Je suis bourrée de Morphine, je perds un peu la réalité mais je sais que je n'en ai pas pour longtemps car moi aussi j'ai un cancer aux seins en phase terminale ( comme ma mère ) .