Une planète glacée

Elle a atterri sur une planète glacée dans une région inconnue de l'univers, de grandes failles, d'énormes crevasses couvrent sa surface, par endroits on découvre d'immenses cratères et plus loin des montagnes de glaces.
Il fait sombre, une pâle lueur arrive parfois à traverser les couches de poussières !
Aucun bruit, ni avion, ni voiture, ni trace de vie végétale, animale ou humaine. Le silence entrecoupé par le vent qui tourbillonne sans but et cette planète tourne aussi mais pas de soleil à l'horizon. Ses yeux se fatiguent de voir cette immense étendue légèrement bleutée mais quels yeux car aucun autre humain n'est venu ici ; est-ce les yeux de cette femme à demi aveuglée.
Peut-être est-ce les yeux de quelque robot qui rôde dans les parages, peut-être c'est les instruments électroniques qui ont transmis les réponses aux laboratoires terriens.
On connaît parait-il sa température qui oscille entre moins soixante degrés et moins dix suivant les endroits. Mais d'où lui vient cette chaleur relative puisque qu'on ne voit aucun soleil ?
Est-ce donc ces immenses couches de poussières qui arrêtent ses rayons car il semble évident qu'une planète ne peut subsister sans un soleil. Elle est sans lumière comme un vieux dans son hospice, comme un chercheur de Dieu perdu dans son désert.
Elle avait cru trouver un Dieu mais qui était-il ?  était-ce un vrai ? si oui pourquoi aurait-il disparu de sa vie et pourquoi se retrouve-t-elle transis de froid dans ces régions glacées ?

Elle était volontaire pour prendre la fusée mais un morceau s'est détaché et elle a atterri sur une planète où tout est vide, tout est rien et on ne peut s'accrocher à rien car tout est glacé. Les techniciens ont tout prévu, il y a de la nourriture congelée pour une quarantaine d'années, pas besoin de congélateur, il fait plus froid en ce lieu que dans celui-ci.
Ils ont prévu les vêtements chauds, fourrés avec les dernières innovations qui maintiennent le corps à température normale. Même les tentes sont là, il suffit de les monter et nous voilà dans un doux cocon chauffé au pétrole.
Tout est là pour survivre, tout a été largué avec cette femme mais elle est solitaire comme Robinson Crusoé, elle se demande dans quelle galère elle est venue. Elle est comme dédoublée, se souvenant de la terre avec tous ses délices : les pierres, les plantes, les animaux et les hommes. Mais aussi les sources, les rivières et la mer.
Ici, il faut se lever matin pour casser la glace et faire chauffer l'eau pour se laver ou pour boire. Parfois elle fait bouillir beaucoup d'eau pour l'entendre chanter dans la marmite puis elle la jette dehors pour le plaisir de la voir couler sur la glace en fumant mais pas pour longtemps. Parfois elle sort de sa tente avec un bidon de pétrole et là elle y met le feu et ce peu de chaleur et de lumière l'enchante pour quelques instants !
Elle n'est pas pleurnicharde mais elle se demande pourquoi elle était d'accord pour venir habiter cette planète glacée. Ici il n'y a personne, pas d'homme, pas d'enfant, pas de foyer, pas de langage, pas de culture. Elle regrette peut-être d'avoir choisi une vie à part sans homme, sans enfant alors qu'elle se trouve bien terre à terre depuis que son ciel a disparu, elle meurt à chaque instant !
Elle ne cherche plus rien car de partout où elle se trouve il n'y a que glaces et sur son corps il n'y a que gelures et boursouflures. Chaque Robinson se débat dans sa tente, il trouvera de la compagnie quand la glace craquera, quand l'eau coulera, quand le soleil reviendra chauffer cette planète désertée.