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Etranges étrangers
9 janvier 2011

Grève de la faim

C'était en 1970, j'avais vingt ans. J'avais traversé la mer, j'avais traversé les Bouches du Rhône.
Après l'étang de Berre, j'ai atterri à Chateaneuf d'Isère,chaque paysan avait ses sans papiers et moi le nouveau j'allais de l'un à l'autre au gré des travaux.
Les patrons me logeaient quand je travaillais et évidemment ils me mettaient à la porte quand il n'y avait plus de travail ; comme je ne pouvais pas aller à l'hôtel, je logeais dans une grotte pendant les périodes de chômage et j'étais toujours disponible pour reprendre le travail .
L'hiver 1970 quand il y a eu tant de neige, la mairie de Valence nous a embauchés pour déblayer les rues de la ville, on avait vraiment besoin de nous.

En 1972, on logeait dans la rue Pompéry,près de l'ancien hôpital, on était quatre dans dix mètres carrés, on faisait la cuisine dans notre chambre. Un jour, on nous a dénoncés et les policiers sont arrivés revolvers au poing.
On avait sept jours pour quitter la France mais par hasard on a rencontré des jeunes étudiants qui nous ont aidés. Ils nous ont soutenus et on a organisé une grève de la faim à la sacristie de l'église Notre Dame. Et on a manifesté plusieurs fois, beaucoup de gens sont venus nous soutenir !
Beaucoup de collègues travaillaient comme moi avec un numéro de sécurité sociale et avec des fiches de payes, c'était honteux !
Un groupe de jeunes restaient avec nous toute la nuit et deux femmes ont fait aussi la grève de la faim avec nous pendant quelques jours mais le temps passait et l'espoir s'amenuisait.
Des gens compétents ont préparé pour chacun un dossier à transmettre à la préfecture.
Il y a eu une grande manifestation vers Noël et les curés ont fait la grève de la messe de minuit sur toute la ville de Valence.
Entre les deux fêtes, on a tous été régularisé par Edgar Faure !

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